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Pas si dépassés que ça, les TBI

Je comprends que pour vendre, il faut de la nouvelle qui frappe. J’ai donc effectivement été frappée par l’article de la Presse ce matin intitulé « Les tableaux interactifs, déjà dépassés? ». Frappée par l’absence de contextualisation!
J’aime les TBI (et toutes les technologies pour l’éducation!) et une partie de mon travail consiste à aider les enseignants à trouver la juste place de ces outils dans la vie de la classe et à les mettre au service de l’apprentissage. J’ai donc évidemment été interpellée. Et j’aime aussi les mises au point!
L’article débute par le témoignage d’un acteur du monde de l’édition scolaire, évidemment en faveur de la tablette, extraordinaire support pour le livre numérique! On parle ensuite de l’utilisation du TBI au secondaire (très différent du primaire), visiblement dans un contexte d’enseignement magistral.
Je suis 100 % d’accord que si l’outil technologique ne sert qu’à l’enseignant, l’iPad est intéressant par sa mobilité. Par contre, le milieu se bat depuis des années pour que les outils technologiques servent d’abord et avant tout aux élèves.
Situation 1 : l’argent pousse dans les arbres. J’ai le choix entre une classe où tous les élèves ont une tablette, ou bien une classe où il y a un TBI. Je choisis les tablettes, mais j’ajoute un projecteur et une grande surface de projection.
Situation 2 : l’argent ne pousse pas dans les arbres, et on essaie d’exploiter le plus réalistement et pédagogiquement possible nos ressources. Le gouvernement décide d’investir massivement dans l’achat de tableaux interactifs pour équiper toutes les classes du Québec d’ici quelques années. C’est une action en faveur de la technologie. Comme choix politique, c’est accrocheur! Disons qu’on fait avec!
Cependant, il est vrai que tant qu’à investir, il aurait été préférable de laisser le choix technologique aux écoles, qui auraient parfois préféré l’achat de tablettes, parfois de portables, parfois de labs informatiques plus récents ou d’autres équipements, comme le TBI.
On a établi que le rôle du TBI dans une classe se situe principalement au niveau de l’aspect collectif, en groupe, d’une tâche ou d’une situation d’apprentissage (voir la Stratégie des 3-O du Récit MST, que j’affectionne particulièrement). Modélisation, tempête d’idées, organisation, retour en groupe, communication, par exemple.
De son côté, la tablette (comme le iPad) a un rôle plus actif et devrait être directement dans les mains de l’élève. Pour ajouter l’aspect de groupe, on utilise des outils de partage et de collaboration en ligne.
Si on veut remplacer le TBI par la tablette, qui n’ont pas les mêmes objectifs, soit on revient à un outil qui est utilisé seulement par l’enseignant ou par un élève à la fois (alerte – enseignement magistral!), soit on achète une tablette par élève. (Et comme je n’aime pas l’absolutisme, je propose 1 tablette par équipe de 4 élèves.) – parenthèse, l’enseignante interviewée à la fin l’indique bien : elle aime utiliser SON iPad pour écrire au tableau pendant que les élèves travaillent individuellement. Donc, c’est SON outil, ce qu’on reproche toujours au TBI!
L’argument économique tient si on ne prend pas en compte la pédagogie (comme dans bien des cas, même dans le choix d’un TBI, mais ça c’est un autre débat!). Et oui, on a de toutes façons besoin dudit si onéreux projecteur pour que les élèves voient, même avec une tablette! Non sérieusement, ramener les téléviseurs dans la classe?!? ÇA, c’est dépassé!
Si on tient compte de l’aspect pédagogique, l’argument économique tombe, car il faudrait au minimum une tablette par équipe d’élèves. Dans une classe de 32, à disons 4 par équipe, il en faut 8 + 1 pour le prof, donc 9 x environ 350 $, + un Apple TV. Ça revient donc plus cher qu’un TBI standard selon le programme d’achat (3000 $ incluant le projecteur). (D’ailleurs, projecteur et portable de l’enseignant sont essentiels aux deux configurations à mon avis.)
Cela dit, 9 iPad dans une classe ou 1 TBI ont des rôles bien différents. Je ne crois pas qu’on puisse parler de désuétude encore! Supporter l’utilisation de 9 tablettes ou d’un TBI en classe, ce n’est pas donné à tous les enseignants non plus. S’il y a une chose dont je suis sûre, c’est qu’une minorité seulement est vraiment à l’aise avec les technologies. La preuve, l’une des questions qui revient le plus souvent en formation, c’est « Comment et où enregistrer mes documents? »…
Au lieu d’essayer de trouver un coupable (le TBI a le dos très large…), pourquoi ne pas plutôt sensibiliser le gouvernement à l’importance de laisser le choix de la technologie?

3 replies on “Pas si dépassés que ça, les TBI”

Bonjour madame Miller,Le TBI est un outil favorisant exclusivement l'enseignement frontal ; que ce soit lorsque le prof lui-même enseigne, ou lorsque l'enfant est lui-même au tbi, car il a besoin d'un auditoire pour transmettre ce qu'il a à transmettre.Et c'est dans ce contexte que le TBI est déjà une antiquité ; je dirais même une aberration pédagogique.Les pro-TBI ne parlent JAMAIS du programme de formation de l'école québécoise, car il est à peu près impossible de trouver des situations d'apprentissage et d'évaluation (ce sont des situations dans lesquelles l'élève est ACTIF dans ses apprentissages) où le TBI est un outil SIGNIFICATIF.Par contre, il y en a une foule de SAE où un ordinateur PERSONNEL (ou une tablette, je suppose) est d'une très grande pertinence.Et c'est à mon avis, la raison principale pour laquelle l'investissement dans des TBI est un investissement incohérent avec les objectifs que nous poursuivons avec la RÉFORME.

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