J’ai eu le plaisir d’assister à la conférence TEDx Wilfrid-Bastien le 29 février dernier. Organisée par Pierre Poulin et son équipe, c’est l’aboutissement de 10 ans de travail pour cet enseignant particulièrement inspirant. « Ce n’est pas toujours facile de provoquer le changement dans un milieu aussi statique que l’éducation, mais avec les bons alliés, ça devient possible. Éducation et innovation n’étaient pas des mots qu’on entendait souvent dans la même phrase, avant. » C’est ainsi qu’il a donné le coup d’envoi à la soirée qui a permis d’entendre 6 conférenciers tous plus intéressants les uns que les autres.
Selon le principe des conférences TED, chacune invité a 18 minutes maximum pour véritablement changer le monde avec ses idées novatrices. L’assistance n’a pas droit aux questions. Les vidéos des conférences seront bientôt disponibles en ligne. Je vous indiquerai le lien ici.
L’intervention d’Emmanuel Bernet
Emmanuel Bernet est conseiller pédagogique au Lycée français de Shanghai, en Chine. Là-bas, il a implanté un modèle de iClasse comme il y en a à l’école Wilfrid-Bastien, à Montréal (CSPI). Également, il est l’auteur d’une thèse de doctorat dont il a partagé les conclusions. Il a été le premier conférencier de la soirée et le seul que je n’avais jamais entendu auparavant. Voici quelques notes que j’ai prises en vrac.
Une variété de médias pour soutenir la motivation chez les jeunes
Le manque de motivation chez les élèves commence dès la fin du primaire. D’ailleurs, la moitié des décrocheurs s’annoncent au primaire. Pourquoi? Une piste de réponse réside dans le contraste technologique entre l’école et la maison. Il y aurait de 50 à 60 % d’écart entre l’utilisation des TIC à la maison et à l’école. À l’école, TIC équivaut à Internet, un peu de PowerPoint, du traitement de texte et c’est bien souvent à peu près tout. Bernet suggère d’explorer la piste des effets d’une plus grande variété de médias à l’école.
Des paradigmes différents utilisés au moment opportun pour mieux accompagner
Dans le paradigme socioconstructiviste, l’enseignant travaille sur les processus mentaux et la perception de soi des élèves : comment ils apprennent, comment ils se sentent, leurs perceptions, la valeur qu’ils accordent à l’apprentissage. Il semblerait à cet effet que le fait de se préoccuper de la perception que les élèves ont de la tâche facilite la gestion de classe.
Bernet croit cependant qu’un enseignant qui utilise une variété de paradigmes au moment opportun va pouvoir mieux accompagner les enfants.
Voici un exemple de déroulement d’un projet tel qu’il le suggère :
– Semaine 1 : Atelier dirigé par l’enseignant;
– Semaine 2 : Atelier semi-dirigé;
– Semaine 3 : Même notion, travaillée de façon autonome par les élèves.
Les TICs en elles-mêmes ne favorisent pas la motivation ni le rendement. Tout cela dépend du contexte d’utilisation, incluant notamment le temps d’utilisation, le type de tâches offertes et l’expertise de l’enseignant.
Chose certaine, l’utilisation des TICs commande un ajustement de paradigme : l’élève va désormais construire son apprentissage et non plus seulement écouter l’enseignant.
Résultats de la thèse doctorale d’Emmanuel Bernet
– Les TICs favorisent l’engagement affectif des élèves;
– L’engagement comportemental change en augmentant pendant l’année (participation, bon comportement, diminution des comportements dérangeants)
– L’engagement cognitif est cependant diminué : cela pourrait s’expliquer par le fait que les élèves n’ont pas toujours appris les stratégies appropriées pour utiliser efficacement les TICs (ex. : lorsqu’ils n’arrivent pas à effectuer une recherche fructueuse sur Internet, leur motivation descend).
Le contexte idéal de classe : 4 ordis, 4 iPad, 4 iPod Touch, 1 iMac, 1 TBI, 1 projecteur. On oublie la notion de « laboratoire » partagé, on veut l’équipement dans la classe.
Recommandations :
– S’équiper de matériel récent et varié destiné à la classe et non au laboratoire;
– Favoriser et former les enseignants dans différents modes d’intégration des TICs;
– Diminuer le ratio d’élèves par classe;
– Augmenter le soutien et les connaissances techniques des enseignants;
– Encourager des projets pilotes comme la iClasse.