Je vous propose la lecture de l’excellent billet de Mario Asselin paru aujourd’hui sur le site du Voir. En tant qu’ancien directeur d’école, il en a beaucoup à dire sur la place des technologies à l’école.
Dans ce qui semble être une décision pleine de bonnes intentions, le gouvernement du Québec a adopté un projet visant à équiper tous les enseignants d’un ordinateur portable et toutes les classes d’un tableau interactif. À première vue, c’est un plan qui devrait contribuer à favoriser l’utilisation des TIC à l’école.
Lorsqu’on creuse un peu plus, on voit l’envers de la médaille. C’est le Centre de services partagés du Québec (CSPQ) qui prendra les commandes pour les ordinateurs, et il partagera la tâche avec le Centre collégial de services regroupés (CCSR) pour les tableaux numériques. Suite à un appel d’offres, ils ont choisi leurs fournisseurs selon la loi du bas prix, réduisant encore plus le choix les principaux intéressés, les utilisateurs finaux.
Comme le souligne Mario (désolée pour la familiarité, c’est que nous nous connaissons depuis quelques années!), on constate notamment que les écoles n’auront pas le choix de l’environnement pour leur ordinateurs, ce sera Windows uniquement, sans quoi elles ne recevront pas un sou.
Au niveau des tableaux interactifs, même chose. Les établissements seront limités aux SMART Boards via le CCSR, et à quelques options de plus du côté du CSPQ. Qu’arrivera-t-il aux centaines d’écoles qui sont équipées d’autres technologies ou qui auraient besoin de modèles adaptés? Elles devront faire cavalier seul ou abdiquer pour leurs prochains achats.
Depuis l’annonce du gouvernement, on a vu se démultiplier l’offre de fabricants de TBI pour qui le Québec devient tout à coup un marché intéressant… On ne se limite plus aux deux traditionnels compétiteurs qu’ont été SMART Technologies et Promethan avec son ActivBoard depuis plusieurs années. À ma connaissance, il y a au moins 5 marques différentes de tableaux disponibles au Québec (ActivBoard, SMART Board, eInstruction, Panaboard (Panasonic), EvoWB), sans compter les projecteurs interactifs (Epson, BenQ…) et les solutions TBI mobiles (Mimio, eBeam…).
Je suis absolument d’accord avec Mario qui affirme que « L’école, les enseignants et les élèves méritent mieux que ces manoeuvres qui complexifient la vie de ceux qui ont bien d’autres choses à faire que de se battre pour obtenir les outils de travail de leur choix. »
Moi qui travaille à aider les enseignants à tirer le meilleur parti de leur tableau interactif, je me retrouverai de plus en plus devant des gens qui auraient préféré choisir un autre outil de travail dans le cadre d’une mesure incitative au niveau des technologies. Par un « autre outil », j’entends bien sûr une autre marque de TBI, mais aussi tout autre matériel technologique.
Je me désole déjà devant cette image future d’écrans blancs qui resteront blancs dans un coin de classe, jusqu’à en devenir poussiéreux, parce que les enseignants n’en veulent pas… Alors je redoublerai d’efforts pour tenter de leur en faire voir un bon côté, sachant très bien qu’autre chose aurait été tellement mieux.
Peut-être verra-t-on naître un marché noir des TBI… « Je t’échange mon TBI contre un iPad! »